Ferme les yeux... Et apprécie. [Kuuki]

Kuukï retourna au sol, sous le regard bienveillant du dragon. Il la trouvait forte. Forte pour maîtriser aussi longtemps, et aussi bien la magie, pour une jeune Falarielle. Et Hell la respectait pour cela. Après quelques acrobaties dans les airs, il alla se poser à quelques mètres d'elle, sur le sol. Puis il la fixa de son regard de vieux sage que possédait tout les dragons, et pourtant une lueur infantile était toujours présente, mais comme au repos. Ce regard-là, qu'il posait sur elle, c'était un regard tendre et bienveillant, le regard celui qui sait. Et il savait en effet quelles étaient ses pensées. La pensée, surtout, qui prédominait.
Il s'approcha de sa démarche reptilienne ; une démarche souple et agile malgré sa grande taille. Une fois tout proche d'elle, il baissa la tête jusqu'à ce que ses yeux puissent fixer ceux de Kuukï.


Ce n'était pas dans ses habitudes, loin de là. D'habitude, il répugnait même à laisser un humain qu'il ne connaissait pas ou très peu le toucher. Mais là, c'était autre chose. Il se sentait en confiance avec Kuukï, et il savait qu'il pouvait la laisser faire. Mieux, il sentait même qu'il le fallait. Il ne savait comment exprimer ça, ou comment expliquer le fait qu'il savait. C'était une impression diffuse, une certitude, qui puisait sa source quelque part en lui.


Il ne bougea pas. Il attendait. Il sentait ses muscles contractés, impatient et réticent à la fois. Le soleil dardait ses rayons sur ses écailles rubis, et les faisait étinceler comme jamais. Quelques gouttes d'eau encore présentes brillaient comme des perles. Et lui, les yeux fixés sur la Falarielle qui elle aussi semblait briller, il attendait, et chaque battement de son coeur provoquait un écho doucereux à la seule pensée de ce qu'elle allait faire. Il se sentait un peu nerveux, mais surtout... impatient.

Hell attendait, impatient, sur le qui-vive. Mais il n'eut pas à attendre longtemps. Après une hésitation, la falarielle posa sa main sur son museau.
Aussitôt, ce fut comme s'il s'était pris une décharge. Un grand frisson le secoua, tandis que sous ses yeux éberlués, il voyait Kuukï resplendir plus que jamais. Elle devenait éblouissante de lumière. Mais pas comme si elle reflétait le soleil, non ; plutôt comme si elle irradiait elle-même d'une lumière intérieure. Hell avait conscience que lui aussi resplendissait de la même lumière. Mais la clarté devint bientôt trop vive, et le dragon ferma les yeux. Comme si cela avait déclenché quelque chose, il sentit un lien invisible, mais fort et indestructible, se créer entre lui et la jeune humaine. Un lien intense. qui les reliait tout deux, pour toujours à partir de ce moment. Lui et elle. Elle et lui. Le dragon et la Falarielle. Le dragon et sa dragonnière.
Cette pensée s'imposa à lui. Sa dragonnière. Il comprenait maintenant le sens du mot "lié", un mot vaste et pourtant précis. Un lien plus fort que tout ce qui puisse exister. Puis, tout d'un coup, la clarté qu'il pouvait aperçevoir à travers ses yeux clos s'estompa. Il ouvrit les yeux, fixa son regard dans celui de Kuukï. et alors, il remarqua que lui et elle ne faisait plus qu'un. Ou plutôt, ils étaient toujours l'un et l'autre, avec leurs propres personnalités, mais en même temps... c'était difficile à dire. Mais, ce dont le dragon était sûr, c'est qu'il ne redoutait rien. Sa vie avait finalement pris un étrange tournant. Et il aimait ça.

Un sourire étira les lèvres du dragon, tandis que sa voix rauque résonnait dans l'esprit de Kuukï.


Avec une grande impulsion, il commença à s'élever dans les airs, ses ailes battant puissamment l'air. Une fois assez loin du sol, il resta quelques secondes à la même hauteur, pour laisser le temps à sa liée de se mettre à l'aise.

Et sans autre indication, il s'éleva dans les airs à une vitesse folle. Puis, calmant ses ardeurs, il se laissa voguer sur les vents, laissant à sa coéquipière le plaisir d'admirer le décor, qui était encore plus merveilleux vu de haut. ° Beau paysage, non ? °

Ils dérivèrent ainsi quelques minutes, au gré du vent, en parfaite osmose. Et ce fut la chute. Sentant que la falarielle était bien accrochée, Hell rabattit soudainement ses ailes contre ses flancs, et ils tombèrent en chute libre vers le lac, qui se rapprochait dangereusement. Tournoyant comme une toupie, grisé par la vitesse, le dragon ne rouvrit ses ailes que juste avant de toucher l'eau, et enchaîna les acrobaties dans l'air, tournoyant et virevoltant au gré de ses envies. Il se sentait heureux, et en osmose avec Kuukï, tandis qu'ensemble ils prenaient plaisir à virevolter dans les airs.