Combat [libre]

Elle s'approche ma Naïa, je sens qu'elle est inquiète de me voir comme ça. J'aimerais me ressaisir, me relever, marcher, courir, partir ; mais je n'y arrive pas. Mon corps est ramolli par la fièvre qui me prend, comme s'il était en train de se liquéfier sur place. J'entends ma Naïa crier mon nom. Je l'entends comme si ce nom venait des lointaines contrées, des paroles étouffées que j'ai du mal à déchiffrer. Elle veut me protéger et c'est normal, elle veut comprendre et m'aider ; mais moi-même je ne sais pas pourquoi j'éprouve un malaise soudain. J'ai comme un pincement au cœur et une énorme migraine, comme si des milliers d'instruments désaccordés jouaient ensembles dans ma tête. Je sens qu'elle me serre la main très fort ma Naïa mais je ne la vois pas et ne l'entends presque pas. Je sens la sueur sur mon front, je la sens couler dans ma nuque, dans mon dos. Mes mains sont moites. Malgré le mal qui m'anime, je parviens quand même à me tenir solidement au mur. Les muscles de mon bras droits son bandés au maximum et mes veines ressortent, ondulant comme des serpents avide de mordre des innocents. Je sens quelque chose se presser contre ma poitrine. Si je le pouvais j'aurais souris mais je ne peux pas ; mon visage est crispé par la douleur. Je halète, je souffre, je manque de défaillir. Soudain j'entends une voix dans le lointain, une voix que je connais si bien mais qui me parvient étouffée ; et cette voix me dit :

“Appuie-toi sur moi Ashky, nous allons sortir.”

Sa force de Vampire lui permet de ne pas s'écrouler sous mon poids. Je m'accroche à elle comme à une bouée de sauvetage ; qu'aurais-je fait sans elle ? Qu'aurais-je fait si elle n'avait pas été là pour me soutenir et m'aider ? Lentement, je sombre dans l'inconscience. Je le sens. Tout devient noir autour de moi ; la dernière chose que je puisse distinguer c'est son doux visage. Car même tiré par les traits de l'inquiétude que mon état critique lui donne, Naïa reste belle comme une rose épanouie et baignée dans la rosée du matin. Mes jambes ne me soutiennent plus et, pourtant, j'ai l'impression de marcher. Je vois un long couloir et, tout au fond de ce couloir, j'aperçois de la lumière. Je marche vers cette porte illuminée, je marche vers la Mort...

J

U

J

Ce couloir me semble interminable. Pourtant je marche depuis un temps qui me semble être une éternité. La lumière au bout de ce corridor sans fin me donne pourtant l'impression d'être si proche que je pourrais la toucher du bout des doigts juste en tendant mon bras. Mes pas résonnent dans tous les coins, troublant le silence qui faisait comme une bulle tout autour de mon Être. A présent je ne ressentais plus rien, juste un peu de sueur sur mon front mais c'était sans importance. Je continuais à avancer, encore et toujours. Je me sentais si bien ici ; j'aurais souhaité ne plus jamais repartir. Et pourtant... Un courant d'air me fouette le visage et le corridor devient de plus en plus flou. La lumière m'aveugle, elle n'est plus aussi douce qu'avant et agresse mes yeux avec animosité au lieu de caresser doucement mon visage. La douleur me reprend, encore plus vive et impitoyable. Je serre les dents et les poings. Cette douleur viens du fond de mon âme et m'enserre les entrailles comme un étaux ; un étaux qui se referme sur moi petit à petit. Maintenant que le couloir a disparu je ne suis plus sûr de vouloir mourir. Maintenant que le couloir a disparu je suis sûr de vouloir vivre. Lorsque je marchais vers cette lumière si attirante, plus rien ne semblait me retenir sur Exodus mais maintenant que mon corps et mon esprit se sont ralliés, que la douleur est revenue avec ma mémoire, je sais que je dois rester ici, pour elle, pour Naïa.

Le sol est moelleux à souhait et je sens comme un oreiller qui soutient ma nuque. Malheureusement je n'ai pas le temps d'en profiter ; ma tête me lance ainsi que mon estomac. J'ai la nette impression que je vais recracher mes tripes. Mon visage est crispé par la douleur et je m'agrippe aux brins d'herbes tellement fort que mes articulations en blanchissent. J'arrache toute l'herbe qui me passe entre les doigts avec fureur. Rien ne peut être plus insupportable. J'essaye de me calmer ; en vain. Je sens les doigts fins de Naïa caresser mes cheveux. Je voudrais que ces caresses apaisent ma migraine mais rien n'y fait. Je ne sais ni comment, ni pourquoi ce mal m'a choisi moi comme cible. J'ai le sentiment que le Diable lui même a pénétré mon âme et qu'il me manipule comme une marionnette. Je sens ses lèvres effleurer les mienne. J'aimerais tant que ce baiser puisse soulager ma souffrance ; j'aimerais tant qu'il dure pour toujours. Même si je suis pratiquement inconscient, j'entends son murmure, j'entends ces trois mots. Je t'aime. Moi aussi Naïa j'aimerais pouvoir te les dire, chaque heure, chaque minute, chaque seconde. Je dois vaincre la douleur et le démon qui me fait tant souffrir. Je dois le faire ; pour elle. Pour celle que j'aime, qui m'aime ; pour toujours. Mon visage se crispe à nouveau ; mon crâne me lance terriblement. Je tends une main crispée vers elle, comme si je voulais me raccrocher à celle que j'aime, comme si je voulais qu'elle m'aide. Mais elle ne peut pas ; personne ne le peut. Moi-même je ne connais pas l'origine des maux qui me font tant souffrir. Enfin j'arrive à ouvrir la bouche ; tout du moins à l'entrouvrir. J'arrive à murmurer ces trois même mots, dans un souffle.

“Je t'aime...”

Dans un ultime effort, je tente de me relever ; mais je suis trop faible et je retombe, essayant de me raccrocher à un support invisible. Un geste ridicule, oui. Je dois passer pour un idiot qui essaye de vaincre quelque chose qui le ronge de l'intérieur, un idiot qui se ridiculise alors qu'il est à moitié mort. Si elle m'abandonne, je me laisserai partir, lentement. Je laisserai la douleur m'envahir et dévorer mon âme, mon corps, ma vie. Si elle m'abandonne, plus rien ne me retiendra ici et je pourrai à nouveau emprunter le long couloir qui mène au sommeil éternel ; celui dont on ne revient jamais.

“Naïa...”

A

J

"Ashky, reviens moi..."

La douleur m'enserre comme dans un étau géant. Haletant, le souffle court, je sens mon cœur se battre contre ce mal inconnu et tambouriner irrégulièrement contre ma poitrine. Ou est-ce un démon qui se déchaîne dans mon corps ? Dans ma tête je vois toujours ce couloir interminable. Derrière moi je sens quelque chose qui me pousse ; comme pour m'obliger à avancer vers cette lumière aux apparences bienveillantes qui pourtant est un appât mortel qui attire les malheureux mortels vers l'entre de la Faucheuse. Cette mère de la Mort qui abat sa faux sur les pauvres dont la vie doit être écourtée. Un mal atroce éclate dans ma tête ; comme si toutes les horreurs de mon Passé essayaient de s'échapper pour dominer le monde et le transformer en Chaos éternel. Je délire. Sûrement ai-je de la fièvre. Mon corps ruisselle de sueur et dans tous ces maux infernaux réunis, je sens tout de même une présence bienveillante. Je revois ma vie entière défiler devant mes yeux ; comme un film projeté sur un rectangle de cristal. Je revois ma vie entière comme les gens qui vont mourir. Ma naissance. Les cris, les pleurs, la joie de mes parents et de mes frères et sœurs. Mes deux premiers anniversaires dans la bonne humeur. Cette petite maison dans la forêt illuminée les jours de Noël. La visite de mes grands-parents le jour de mon troisième anniversaire. Mon père qui hurle. Les pleurs et la noirceur du placard. Les cris de ma famille. La porte qui vole en éclat. Le froid dans la maison. Le sang. Le silence total. Les corps de ma famille entière déchiquetés ; pour moi. L'image de ces cadavres ensanglantés me donne un haut le cœur. Elle devient floue et s'efface totalement. Je hurle de peur, de terreur, de douleur. Des larmes coulent à foison sur mes joues rougies par la fièvre. Mes poings se crispent dans le vide. Mon visage se tord sous l'effet que me produisent ces images du Passé. Mais soudain...

Soudain je m'aperçois que la douleur disparaît petit à petit. Soudain je me rend compte que je n'ai presque plus mal. Soudain mes cris cessent ; mon visage et mes poings se détendent. Soudain je prends conscience que les maux démoniaques ont presque totalement disparu et que je me retrouve dans la quiétude avec une présence dont j'ai toujours rêvé à mes côtés. Je sens la chaleur de ses mains sur les miennes et sa tête posée sur mon torse. Je sens ses larmes mouiller mes vêtements. Le tunnel a disparut et la lumière aussi. Lorsque j'ouvre les yeux, je découvre un ciel presque noir illuminé d'une multitude de petites étoiles scintillantes. Un sourire légèrement crispé étire mes lèvres. Je lève une main moite et tremblante vers le ciel avant de la poser sur les cheveux rouges de ma bien-aimée. Je lui caresse doucement la tête en passant mes doigts dans ses cheveux fins. Bien que je ne souffre plus, je me sens faible et exténué ; comme si la douleur que j'avais ressentie m'avait réellement animée. Mais peut-être est-ce le cas après tout... J'essaye de me lever mais mes membres ne me répondent pas. Je retombe lourdement sur le dos. Dans un souffle, je murmure :

“Naïa... je t'aime...”

J

C

"Chut, ne parle pas. Tu as besoin de repos."

Le visage de Naïa était bien plus pâle que d'habitude et je pu ainsi juger de l'inquiétude qu'elle avait éprouvée lors de ces événements étranges. La Vampire aux cheveux écarlates glissa une main rassurante dans la mienne et ce geste, bien que minime, me procura un sentiment de bonheur immense et me réconforta pleinement. Il fallait cependant que je trouve l'origine de ce malaise passager mais douloureux tant physiquement que moralement. Je n'avais pour l'instant aucune idée sur la façon de découvrir le malfaiteur et il fallait de toutes façons que je me repose un peu avant de partir à la recherche de ce mal. Alors que je réfléchissais tout de même à un plan, je sentis Naïa bouger et ouvris mes yeux que j'avais prudemment fermés. Elle prit quelque chose qui se trouvait dans l'une de ses bottes et le glissa dans la main qu'elle tenait. Posant sa propre main par dessus l'objet qui émettait une lueur bleutée, elle parut ressentir quelque chose qui ne tarda pas à se transmettre dans mon propre corps. C'est ainsi que je pu sentir une sorte d'échange particulièrement étrange avant que l'objet ne roule sur l'herbe verte et je pu ainsi découvrir sa nature. Il s'agissait en fait d'une pierre. Il ne me semblait pas l'avoir déjà vue et je passai outre le fait que Naïa ne m'en avait jamais parlé. Après tout, elle avait sûrement ses raisons et je ne souhaitais pas la questionner à ce propos et courir le risque d'occasionner une dispute. Je fus quelque peu surpris du baiser que la belle Vampire déposa sur mes lèvres mais ne bronchai pas la regardai attentivement tandis qu'elle tourna son visage vers la lune et lui sourit, comme pour la remercier d'une chose. Ses yeux se posèrent ensuite dans les miens et elle posa un index fin sur mes lèvres avant de me murmurer deux phrases pour me faire comprendre qu'il fallait que je me ménage malgré l'énergie qu'elle venait de me transmettre.

Mais Naïa avait bel et bien raison : j'étais exténué et je devais ménager mon corps encore tremblant avant de pouvoir me relever. Et puis, après réflexion, rester allongé sur l'herbe en compagnie de celle que j'aimais ne me déplaisait pas tant que ça. Je ne pu dormir paisiblement : des cauchemars me rappelant ce que je venais de vivre - et qui, par ailleurs, était une expérience que je ne voudrais revivre pour rien au monde ! - et repassant sans cesse d'horribles images de ma famille décimée. Je me résolu donc à rester éveillé et, les bras croisés derrière mon crâne qui me faisait encore souffrir, je me mis à contempler la lune sans but précis. Mes paupières se fermaient d'elles-mêmes mais je luttais contre le sommeil de peur de revoir ces souvenirs venir me hanter. Pourtant, il fallait bien que je dorme et je fini par succomber au sommeil au milieu de la nuit. Cette fois-ci il n'y eut ni cauchemar ni rêves, seulement la présence rassurante de Naïa à mes côtés. Pour tout l'or d'Exodus je ne la quitterai et j'en ferai la promesse à quiconque n'en était pas sûr. Après tout, elle avait changé ma vie et j'espérais pouvoir changer la sienne en mieux. Cette sublime Vampire était à présent tout pour moi et il me suffisait de lui jeter un seul regard pour qu'elle comprenne tout. Un seul regard pour communiquer et me projeter dans le passé où je revoyais notre rencontre dans ses moindres détails ; jusqu'à notre premier baiser dans l'anfractuosité de la paroi de l'arène des Mille Lames. Un instant magique comme l'étaient les terres d'Exodus. Un instant que jamais je n'oublierai.

P

N

P

M

J'

Mon sommeil fut bref ; déjà je me réveille. Je sens les rayons argentés me caresser le visage. Ils se joignent avec douceur à sa main sur mon visage. Lentement, j'ouvre les yeux. Mon cœur bat à vive allure ; est-ce l'effet que cela fait quand on aime ? Certainement. Il faut préciser que l'amour ne s'est offert qu'une seule fois à moi ; mais jamais de cette manière-là. Elle est plus douce et plus unique que ne l'avait jamais été Hélène. Nous avons apprit à nous connaître et c'est là une plus grande preuve d'amour qu'un coup de foudre pas une belle journée d'été. C'est un fait ; les battements de mon cœur en témoignent tandis que sa tête repose sur mon torse qui se soulève à chaque inspiration. Mes yeux son rivés sur la lune argentée ; vide de toute émotion. Seule une persiste à animer mon corps décimé de l'intérieur ; l'amour. C'est ma raison de vivre et Elle en est la messagère. Depuis qu'Elle a pénétré mon esprit embrumé, je ne peux plus l'en déloger ; comme un vers ravageur qui vous dévore de l'intérieur. Mais Elle est un vers bénéfique.

Mon court sommeil m'avait tout de même permit de recouvrer quelques forces. Cependant il fallait que je reste là jusqu'à ce que je sois complètement rétabli de ce malaise passager. D'ailleurs, je me mis à y réfléchir ; essayant de trouver dans les images, les lieux et les personnes qui se trouvaient devant mes yeux une quelconque signification. Je fermai les yeux et, comme si mon âme avait pu comprendre ce que je souhaitais, les souvenirs de ce couloir sombre au bout duquel une vive lumière m'attirait me revinrent. Mais c'était encore trop tôt pour essayer d'y voir un signe ; il fallait que laisse toutes ces pensées décanter avant de me replonger dedans. Je reportai donc ma plus grande attention sur Elle, posant une main encore tremblotante sur sa chevelure rouge aux sublimes reflets. Un soupir de bonheur s'envola, brisant la barrière hermétique de mes lèvres. Je le regardai s'envoler dans le ciel étoilé, un sourire aux lèvres. Rien ne pouvais être plus majestueux qu'une nuit de pleine lune passée avec Elle. Ma vie sans elle, c'est une nuit sans lune. Je l'aime.

Je crois que l'on peut dire que c'est terminé

[Encore désolée =S Mais j'ai adoré ce sujet là *O* I love you

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